10 décembre
"Les contes ne sont pas faits pour endormir les enfants, mais pour éveiller les adultes"
M, comme Mali
LA BARRE DE SEL VOLÉE
Un lièvre, lourdement chargé d'une barre de sel qu'il venait de dérober, avait hâte de traverser le fleuve, afin de se mettre au plus tôt à l'abri du chien de sa victime. À cet effet, il se mit d'accord avec un batelier pour le prix de son passage.
Une pintade, qui avait remarqué le précieux butin, loua également les services du passeur, prétextant une blessure à l'aile.
Pendant tout le voyage, la pintade, profitant du fait que le lièvre regardait le paysage sans prêter attention à son manège, frotta le haut de sa tête contre la barre de sel.
Lorsque l'embarcation parvint sur l'autre rive, le lièvre voulut reprendre sa barre de sel. Mais la pintade s'interposa bruyamment, criaillant de sa voix grinçante que vous connaissez bien, prenant le passeur à témoin :
"Ce sel est à moi ! Ce sel est à moi ! Il faut que justice soit rendue ! D'ailleurs, regardez ma tête au sommet aplati ; c'est bien la tête de quelqu'un qui a l'habitude de porter de lourds fardeaux. Il n'en est pas de même pour le lièvre, et ses longues oreilles dressées sont l) pour attester qu'il ne peut en faire autant. Mais surtout, qu'on touche, qu'on goûte même, si l'on veut, le dessus de ma tête, on y trouvera encore certainement un peu de sel ! "
L'homme, ayant vérifié les dires de la pintade, lui donna gain de cause. Et le voleur volé se retira bredouille.
Mamby SIDIBÉ Extrait de "Contes Populaires du Mali" -1982- Présence Africaine
Ajouter un commentaire