13 décembre
"Les contes ne sont pas faits pour endormir les enfants, mais pour éveiller les adultes"
E, comme Égypte
ET LES SOURIS SAUVÈRENT L'ÉGYPTE
Les antiques papyrus rapportent que le pharaon Taharka, le second fils du grand pharaon Chabaka, ne prisait pas les soldats et se conduisait mal envers eux. Il les avait chassés de leurs demeures et leur avait confisqué les biens que ses ancêtres leur avaient octroyés en récompense de leurs services et de leur vaillance. Il imaginait follement que la puissante Égypte n'avait rien à redouter de personne et qu'il n'aurait jamais besoin de soldats. Il ne voulait, à aucun prix, nourrir ces parasites à ne rien faire.
Il employait toutes les richesses du trésor royal à construire des temples magnifiques, à rénover les antiques sanctuaires, à faire tailler dans le granit noir des statues de Rê. Aussi Rê le tout-puissant aimait-il le pharaon et protégeait-il son royaume.
Un jour, le puissant roi d'Assyrie vint envahir l'Égypte ainsi affaiblie à la tête de son armée et proclama qu'il foulerait toute la terre d'Égypte sous les sabots de ses chevaux. Ses guerriers, hommes robustes et vaillants, porteurs d'arcs et de lances, avaient de redoutables armes de fer et exterminaient sans pitié leurs adversaires. Ils avaient envahi tout le pays des cèdres et déjà menaçaient les frontières égyptiennes.
Les soldats égyptiens ne voulaient pas se mesurer aux Assyriens et refusèrent d'obéir aux ordres du pharaon. Ils ne voulaient pas répandre leur sang et donner leur vie pour un pharaon qui les avait outragés et opprimés.
Le pharaon, dans son désespoir, se rendit au temple de Rê le tout-puissant et, agenouillé devant sa statue, lui rapporta quel danger menaçait le pays d'Égypte. Puis le pharaon, épuisé par la fatigue et les soucis, s'endormit devant la statue du dieu. Dans son rêve, lui apparut Rê le tout-puissant qui lui promit qu'il n'avait rien à redouter de la guerre contre les Assyriens parce que lui-même interviendrait au moment opportun.
Le pharaon, se fiant à son rêve, rassembla les Égyptiens qui voulurent bien le suivre et établit son camp dans une ville proche de la frontière. Il attendait le jour du combat.
D'un côté, se tenait l'armée du pharaon : pas de soldats, mais des boutiquiers, des artisans, des traînards ; de l'autre côté, l'énorme armée des Assyriens équipés de leurs armes de fer.
Dans la nuit qui devait précéder la bataille, surgit on ne sait d'où, une armée de souris. Elles se répandirent sur les guerriers assyriens qui dormaient d'un profond sommeil, rongèrent les carquois qui contenaient les flèches, les cordes des arcs et les courroies des boucliers. Le lendemain, il n'y eut pas de bataille.
Les ennemis se sauvèrent sans combattre et beaucoup, dans leur fuite, perdirent la vie.
Depuis ce jour, les Égyptiens tiennent les souris en grande estime et les honorent à l'égal de tous les autres animaux sacrés.
Jiri TOMEK Extrait de "Légendes et Contes des Pharaons" - 1991 - GRÜND
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